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DU EDUCATION THERAPEUTIQUE EN GERIATRIE EN GUADELOUPE
Bonne nouvelle, le DU d’éducation Thérapeutique en Gériatrie, est désormais également enseigné en Guadeloupe, coordonné par le Dr Sylvie PARIEL et le Professeur Joel BELMIN (PARIS VI). Vous aurez toutes les informations, contacts et dates nécessaires sur la plaquette en lien ci après.
Merci de faire diffuser l’information aux persones suceptibles d’etre interessées.
Le public visé est large :
tout professionnel de santé ou du secteur médico-social concerné
par la prise en charge de personnes très âgées et souhaitant mettre
en œuvre des actions d’éducation thérapeutique.
santé, psychologues, assistants socio-éducatifs, diététiciens,
kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens,
orthophonistes, éducateurs
La plaquette est consultable ci après.
Gériatriquement votre !
Consultations Mémoire en Guadeloupe
Les consultations mémoire sont le lieux de diagnostic des maladies neurodégénératives et notamment les maladies Alzheimer et Apparentés.
En Guadeloupe il existe à ce jour 2 établissements délivrant ce type de consultation :
- La consultation mémoire labellisée du CHU de Pointe A Pitre/ABYMES,
- ADRESSE : Route de CHAUVEL 97139 ABYMES
- Pour les patients de moins de 70 ans s’adresser au :
- SERVICE DE NEUROLOGIE, Tour SUD, 5eme étage
- Tel secrétariat Neurologie 0590 89 11 85
- Pour les patients de 70 ans ou plus de 70 ans s’adresser au:
- SERVICE EQUIPE MOBILE GERIATRIE, Batiment C, Hôpital RICOU, sous sol
- Tel secrétariat EQUIPE MOBILE GERIATRIE : 0590 89 15 51
- Mail secrétariat : sec.equi-mgeriatrie@chu-guadeloupe
- La consultation mémoire du Centre Médico Social de BASSE-TERRE
- ADRESSE : 64 Rue du Docteur PITAT 97100 BASSE-TERRE
- Tel secrétariat : 0590 80 61 09
Ces centres vous permettront de consulter neurologue ou gériatre selon votre âge, et d’avoir accès ainsi à un diagnostic et un suivi. Vous serez orientés et conseillés sur l’ensemble de la prise en soins, notamment si besoin orientés vers les associations de patients et de soutien aux aidants.
Alors n’hésitez pas !
Maladie d’Alzheimer et Filière Gériatrique en Guadeloupe, où en est on?
Maladie d’Alzheimer et Filière Gériatrique en Guadeloupe, où en est on ?
Paru dans la Gazette du jeune Gériatre en Nov 2014
Le vieillissement de la population qui fera de la Guadeloupe, à l’horizon 2030, une des plus vieilles régions de France sur le plan démographique, fait émerger une nouvelle problématique de santé publique rendant nécessaire l’amélioration de l’offre de soins sur notre territoire. De plus en plus de personnes âgées ayant des maladies multiples, des handicaps physiques et des troubles du comportement sont hospitalisées dans des services de spécialité non adaptés à l’accueil de ces malades. Selon l’INSEE, en 2040, la population guadeloupéenne sera de 404 000 habitants, si les tendances démographiques récentes se maintiennent. Elle tendrait à ne plus croître, les décès seraient plus nombreux que les naissances et le déficit migratoire serait moindre. Le vieillissement de la population s’accélérerait au point que les séniors représenteraient quatre habitants sur dix, contre trois sur dix dans l’ensemble de la France. L’âge moyen serait de 48 ans alors qu’il était de 36 ans en 2007 et la région serait la troisième la plus âgée de France après la Corse et la Martinique. La part des personnes de 60 ans ou plus, progresserait fortement, il serait multiplié par 2,4 à l’horizon 2040, en particulier les personnes de 80 ans ou plus, qui seraient presque quatre fois plus nombreuses qu’en 2007. La forte augmentation de ces classes d’âge devra peser sur les politiques publiques : prise en charge de la dépendance, accès aux équipements et aux soins…
Répartition de la population guadeloupéenne par grands groupes d’âges :
2007 | 2020 | 2030 | 2040 | |||||
Effectif | % | Effectif | % | Effectif | % | Effectif | % | |
Moins de 20 ans | 122 737 | 30,6% | 104 000 | 25,5% | 94 000 | 23,0% | 88 000 | 21,8% |
20-59 ans | 209 081 | 52,2% | 197 000 | 48,0% | 171 000 | 41,6% | 153 000 | 37,9% |
60-79 ans | 55 256 | 13,8% | 87 000 | 21,2% | 111 000 | 27,2% | 113 000 | 28,0% |
80 ans ou + | 13 514 | 3,4% | 22 000 | 5,4% | 34 000 | 8,2% | 50 000 | 12,3% |
Ensemble | 400 588 | 100% | 410 000 | 100% | 410 000 | 100% | 404 000 | 100% |
Source : Insee, Omphale 2010
Les personnes âgées sont inégalement réparties sur le territoire, avec de forts taux de concentration dans l’agglomération Pointoise et Abymienne. La situation d’isolement extrême des personnes âgées vivant sur les dépendances (Marie Galante, les Saintes, la Désirade) est également préoccupante.
Dans ce contexte, notre département est confronté à l’émergence des pathologies neurodégénératives et plus particulièrement des maladies d’Alzheimer et apparentés. En France la maladie d’Alzheimer concerne, selon les projections de l’étude PAQUID1, 850 000 personnes en 2008 et 225 000 nouveaux cas par an. Sont concernées 5 % de la population âgée de 65 ans et plus, et 15 % des plus de 85 ans.
En Guadeloupe, nous ne disposons pas d’études épidémiologiques de terrain permettant une réelle connaissance des taux de prévalence et d’incidence concernant ces pathologies. Selon des données obtenues après projections statistiques de l’étude PAQUID[1], on peut estimer en Guadeloupe 4 541 cas de démences, dont 3 542 Alzheimer. Il y aurait 1 041 démences dont 750 Alzheimer chez les 60-75 ans et 3 500 démences dont 2 792 Alzheimer chez les 75 ans et plus.
Une des conséquences principales de cette maladie est la perte d’autonomie constituant la principale cause d’entrée en institution (on estime que 80% des résidents en institution en France sont déments dont la moitié pour la seule maladie d’Alzheimer). De plus, les traitements capables de réduire l’évolution de la maladie restent symptomatiques, puisqu’il n’existe pas de traitement curatif. De surcroît, ces mêmes traitements sont plus efficaces aux stades initiaux de la maladie d’où la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce. Or en Guadeloupe, les centres diagnostiques que sont les consultations mémoires ne sont qu’au nombre de deux à l’heure actuelle : la consultation mémoire du CHU et la consultation mémoire du Centre Médico Social de Basse-Terre. Un partenariat entre ces deux consultations mémoire, maillant l’ensemble des territoires de santé de la Guadeloupe, est déjà actuellement envisagé par les praticiens gériatres et neurologues des deux établissements, impliquant la mutualisation des données médicales et des bases de données, afin d’étayer les prises en charge accompagnant les patients, et de permettre également la mise en place de travaux de recherche. Ce partenariat n’attend plus que la validation des autorités sanitaires pour se faire pérenne. L’un des objectifs prioritaires de l’association entre ces deux centres, sera de travailler à la mise en place d’études visant à établir la prévalence des pathologies neuro dégénératives dont la maladie d’Alzheimer et apparentés, en Guadeloupe. Des réunions pluridisciplinaires concernant les dossiers les plus complexes sont envisagées, et des conventions inter équipes, seront également mises en place.
Cela étant, l’absence de services d’hospitalisation de gériatrie aigue, pouvant accueillir les sujets âgés souffrant de pathologies démentielles avec troubles psycho comportementaux à risque, contribue à un climat d’insécurité majeure pour les patients et leur famille mais aussi pour les personnels médicaux et paramédicaux actuels. Ce manque d’un tel type de service dans nos établissements, tel que défini dans les circulaires DHOS définissant la filière gériatrique,[2] rend impossible un service sanitaire approprié en matière de prise en charge spécialisée en gériatrie. Plus encore, ces manques conduisent les familles et les aidants à de véritables drames humains, à risque de maltraitance et de mise en danger des patients comme des membres de l’entourage. Un court séjour gériatrique avec admissions directes permettrait pourtant de désengorger les urgences et éviterait aux patients une prise en charge non adaptée ayant pour conséquences des états d’agitation aiguë, une perte d’autonomie rapide délétère et des complications iatrogènes. Cette problématique de la prise en soins des pathologies Alzheimer et Apparentés, révèle l’absence d’une véritable filière gériatrique en Guadeloupe.
Le projet de la mise en place d’une telle filière au CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes en Guadeloupe est à pied d’œuvre pour une prise en charge efficiente de ces patients et un parcours de soins mieux adapté. Les différents maillons, que sont le Court Séjour Gériatrique, l’Hôpital de jour gériatrique, les Consultations externes de gériatrie, ou encore l’Unité d’oncogériatrie, sont donc tous à forger. Champ des possibles et des projections, il s’agit pour la petite équipe en place au CHU de convaincre les décideurs et de porter haut les couleurs de la gériatrie dans une région qui sera donc l’une des plus âgées de France dans quelques années.
Les gériatres défendeurs de la mise en place d’une telle filière au CHU de PAP/Abymes, sont, entre autres, le Dr RINALDO Leila, Présidente du COGEGUA (Collège de Gériatrie Guadeloupéen), et responsable de l’unité Equipe Mobile Gériatrie et de la Consultation Mémoire Gériatrique du CHU, et le Dr BASILEU Tatiana, vice présidente du COGEGUA, référent du projet du Court Séjour Gériatrique, et membre également de l’AJGH. Nous n’attendons que les bonnes volontés et forces vives supplémentaires pour étayer notre jeune équipe et mener à nos côtés ce combat dynamisant et passionnant pour la discipline.
Dr BASILEU Tatiana EMG Consultation mémoire CHU PAP/ABYMES :
tatiana.basileu@chu-guadeloupe.fr
Dr RINALDO Leila EMG Consultation mémoire CHU PAP/ABYMES :
leila.rinaldo@chu-guadeloupe.fr
Dr Isabelle TIBOUT CHIMON Consultation mémoire CMS Basse Terre :
i.tibout-medceg@cliniquecms.com
[1] Ramaroson H, Helmer C, Barberger-Gateau P, Letenneur L, Dartigues JF. [Prevalence of dementia and Alzheimer’s disease among subjects aged 75 years or over: updated results of the PAQUID cohort]. Rev Neurol (Paris) 2003;159(4):405-11.
[2] Circulaire DHOS /02 /DGS/SD5/n°2002/157 du 18 mars 2002 relative à l’amélioration de la filière de soins gériatrique
Vieillissement de la Guadeloupe, Réveillons nous !
Quotidiennement confrontée à une situation régionale alarmante en termes de vieillissement, la Guadeloupe sera la 3ème région la plus âgée de France en 2040, après la Corse et la Martinique. Or, la particularité de notre île réside dans un retard de plus en plus inquiétant, en termes d’adaptation de l’offre sanitaire et médico sociale, face à un vieillissement plus rapide et plus important que celui des autres régions Françaises. Ainsi selon les projections de l’INSEE, la part des plus de 80 ans de notre région, sera multipliée par 4 d’ici 2040.
La problématique du maintien à domicile devient cruciale, dans une région où les personnes âgées, majoritairement des femmes seules, disposent de moyens d’existence précaires avec un revenu mensuel moyen inférieur à 1000 euros, rendant dans le même temps difficile voire impossible l’accès aux établissements d’hébergement permanent et alourdissant la note de l’aide sociale dont elles relèvent. L’habitat et l’aménagement du territoire sont bien souvent inadaptés aux dépendances du grand âge et conduisent à conforter cet isolement en compliquant l’accès aux services à la personne, insuffisamment développés sur notre territoire. Le manque d’information des personnes âgées est grand avec des difficultés d’accès aux services sociaux dont elles relèvent et l’absence d’un interlocuteur clairement identifié. Le seul CLIC en Guadeloupe, situé sur l’île de Marie Galante, dépendance isolée de l’archipel, n’est pas une réponse adaptée à la situation actuelle. Par ailleurs, une démographie médicale particulièrement faible, que ce soit en termes de généralistes (126,7 MG/100 000Habs) ou de spécialistes de la Gériatrie, complexifie encore plus la gestion des parcours de santé des personnes âgées poly pathologiques. La situation en termes de structures d’hébergement n’est guère mieux, avec 38 places pour 1000 personnes âgées de 75 ans et plus au 1er janvier 2011 contre 128 en France hexagonale, réparties en 14 EHPAD dont 2 unités Alzheimer, soit 884 places d’hébergement permanent au total. On ne compte par ailleurs que 4 accueils de jours fonctionnels pour 44 places et 392 places en famille d’accueil au 31 janvier 2014.
Sur le plan sanitaire l’offre est également insuffisante, avec l’absence actuelle de court séjour de gériatrie identifié au CHU de PAP/Abymes, ou encore d’hôpital de jour gériatrique ou de consultations gériatriques avancées dans ce même CHU, pourtant leviers les plus efficaces dans le domaine gériatrique en termes de prévention. Les services d’Urgence du territoire, sont alors les seuls et trop fréquents recours des personnes âgées, et se retrouvent embolisés par le manque d’aval et d’amont Gériatrique. La gestion des situations uniquement en cas de crise médicale et sociale, lors d’hospitalisations en « catastrophe », dans des services de spécialité dont elles ne relèvent pas, accable le personnel médical et social, accule les aidants à l’épuisement, et représente des coûts lourds et inutiles pour notre société. La seule prise en charge identifiée comme gériatrique au CHU consiste en une seule Equipe Mobile Gériatrie dotée de 2 médecins gériatres et d’une unique assistante sociale. La prise en charge des démences est également à la traîne, du fait de l’existence d’une seule consultation mémoire à orientation gériatrique labellisée au CHU et de son homologue au Centre Médico Social à Basse-Terre dont la labellisation est toujours en cours, ceci pour l’ensemble du territoire où résident pourtant plus de 20 000 personnes âgées de plus de 80 ans. Enfin le manque de personnels paramédicaux spécialisés dans notre région (Infirmières, neuro psychologues, ergothérapeutes, kinésithérapeutes), ne permet pas la prise en charge plurielle qu’exige le patient âgé gériatrique.
A partir de ces constats locaux notre réflexion tend à apporter une contribution plus large au niveau national en termes d’adaptation de notre système de santé mais aussi de celui de son économie, à une population vieillissante.
Nos activités de soins et stratégies de santé sont actuellement définis par différents plans, sur des axes départementaux mais aussi nationaux, se recoupant en plans régionaux et départementaux de santé, au sein desquels se dilue parfois l’action ciblée. Un document unique, regroupant les compétences des ARS et des Conseils Généraux, permettrait une meilleure lisibilité des objectifs cibles et une mutualisation des moyens financiers et humains, ainsi plus efficacement déployés. Plus encore les bornes des champs de la gériatrie et de la gérontologie doivent être redéfinies, l’âge de 60 ans n’étant clairement plus celui correspondant à l’entrée dans le cadre de la « personne âgée » telle qu’elle était conçue il y 20 ans. La notion de 3ème puis 4ème âge entraîne de nouvelles définitions à apporter avec à la clé une réflexion sur les conditions d’attribution des aides financières ou encore de l’entrée en institution, au delà de l’âge seul.
En termes de politique de santé publique, l’axe essentiel à développer est celui de la prévention. La Gériatrie, discipline récente, est d’abord née de la nécessité de développer une gestion, spécialisée car de plus en plus lourde, de la grande dépendance physique et psychique accompagnant les vieillissements poly pathologiques, émaillée de l’émergence forte des maladies neuro dégénératives. Cela étant, son plus puissant levier d’efficacité restera l’action en amont, via des campagnes de communication et d’information large de la population, mais aussi des professionnels de santé, en termes de repérage des fragilités. Repérée à temps, la Fragilité est un « champ de possibles » où les actions de prévention permettront d’éviter l’entrée précoce en grande dépendance et les coûts qui y sont rattachés. Plus encore, chaque région devra identifier une filière gérontologique tant au niveau médico social que sanitaire ; dont la porte d’entrée serait un guichet unique, facilement accessible pour le patient âgé comme son médecin généraliste. Etablissements référents de santé sur chaque territoire, les CHU pourraient se doter d’une permanence téléphonique diurne, au sein d’une unité médicale gériatrique et gérontologique rattachée au service de gériatrie du CHU, équivalent au SAMU, dotés de médecins gériatres mais aussi d’infirmières spécialisées en gériatrie ou d’assistantes sociales, pouvant réorienter la personne âgée ou son médecin, vers le maillon de la filière duquel elle relève de façon directe : Hôpital de jour, consultation mémoire, mais aussi assistante sociale du conseil général et/ou des CCAS, association de services à la personne etc….
Le deuxième axe majeur reste celui du maintien à domicile. Au vu des prévisions démographiques, et de nos particularités locales, il faut trouver une autre solution que les seuls EHPAD, trop chers et ne répondant pas aux attentes de la population encore autonome en partie. Ainsi favoriser le développement des services à la personne est nécessaire, tout en étant un potentiel de développement économique fort, en termes d’innovation mais aussi d’emplois. Pour l’instant ces services existent insuffisamment, et ne sont que trop souvent l’affaire de quelques associations, avec des intervenants insuffisamment formés et valorisés. Accompagner l’essor des filières spécifiques gérontologiques de l’autonomie comme les ergothérapeutes, mais aussi les psychomotriciens, les kinésithérapeutes, ou encore les assistants de soins en gérontologie, en les spécialisant et en revalorisant leur exercice, permettra une autre vision du maintien à domicile. Enfin la révision des politiques d’aménagement du territoire et de l’habitat doit être évoquée au niveau national, en tenant compte du vieillissement des populations, et en privilégiant l’adaptabilité des logements en vue d’une préservation de l’autonomie.
Sur le plan sanitaire, les séjours hospitaliers des sujets âgés sont trop souvent écourtés, du fait des exigences de tarifications actuelles, précipitant les ré hospitalisations précoces et les difficultés de suivi adapté. Le système de tarification hospitalière (T2A) doit être ajusté aux problématiques gériatriques (consultations longues de gériatrie, durées de séjours plus importantes) et permettre une hospitalisation de juste durée en vue d’une prise en charge efficiente tant médicalement qu’économiquement à long terme.
En termes de formation, les professionnels de santé seront tous confrontés à une population vieillissante et doivent donc bénéficier dans leur cursus d’un enseignement incluant cette problématique. Un institut de Formation aux métiers de la Gérontologie au niveau national, pourrait délivrer et contrôler un enseignement spécialisé de qualité aux différents intervenants auprès des sujets âgés. Plus particulièrement, le DESC actuel de gériatrie doit devenir DES permettant la mise en place d’une maquette unique de formation pour les jeunes internes, avec des stages dans les différents maillons de la filière (USLD, SSR, Court Séjour Gériatrie) mais aussi dans des terrains de spécialité étroitement lié à la gériatrie (neurologie, médecine interne… etc.). Enfin, sur le plan de la recherche, des unités dynamique de recherche « gérontologiques » doivent être développées, dont les champs d’investigations seront larges : biologie, médecine, gérontotechnologie mais aussi socioéconomie (silver économie)…
Il est urgent d’agir, de se réunir et se concerter au niveau de ceux qui nous dirigent, pour mettre en place une véritable politique tenant compte de notre réalité, sous peine d’un réveil tardif et difficile dont les conséquences seront payées en première ligne par nos aînés …
Tatiana BASILEU(Gériatre), Leila RINALDO (Gériatre) Serge LAVEL (Directeur CHGR)
Fait aux Abymes et à Pointe-à-Pitre le 18 Février 2014.
Présentation de la SGGG par la Vice-Présidente
Rencontre avec le Dr Tatiana BASILEU-ZOZIO, gériatre et membre de l’équipe mobile gériatrie au CHU Pointe à Pitre, vice-présidente de la SGGG
- Comment définiriez vous la SGGG ?
Je dirais que c’est une association de passionnés au départ. Nous sommes 4 à l’origine de ce projet : le Dr Leila RINALDO gériatre qui en est la présidente, Mme Sandrine BELSON psychologue-neuropsychologue notre trésorière et Mme Valéry BOULOGNE, psychologue spécialisée en gérontologie, notre secrétaire. Nous sommes toutes très impliquées dans le soin de nos aînés en particulier, et dans les domaines autour de la gérontologie et la gériatrie en général. C’est à la fois le constat du manque de fédération des divers corps de métiers, et la nécessité pour nous d’aborder la question du vieillissement de notre région avec une vision large donc avec tous; qui nous ont poussé à créer cette société régionale, tout comme celle qui existe déjà en Martinique (la société Martiniquaise de Gériatrie et Gérontologie) ou même au plan national (la Société Française de Gériatrie et Gérontologie) à laquelle nous sommes affiliées.
La SGGG, c’est avant tout un élan d’espoir, en espérant fortement que tous ceux souhaitant apporter leur pierre à l’édifice nous rejoignent. C’est surtout un espace de réflexion et un lieu d’échanges pour anticiper ce vieillissement qui a déjà commencé sur notre île.
- Quels sont vos projets ?
Les projets sont divers et ambitieux avec l’énergie des débuts !!
Sur le plan local pour commencer, nous aurons deux grands champs d’action. Le premier orienté vers les professionnels de terrains, le second vers le public.
Concernant les professionnels de terrain, je dirais que nous avons à cœur de rassembler les acteurs de terrain de tous les champs, et de les laisser exprimer leur vision de la situation afin de proposer des actions le mieux adaptées à la réalité de nos problématiques locales. Par exemple, dans l’existant, nous devons dénombrer bien sur nos faiblesses, mais surtout nous souvenir que nous avons des forces vives sur le terrain qui ne demandent qu’à être exploitées ! Ainsi nous avons en Guadeloupe un nombre important d’Infirmiers libéraux ! Pourquoi ne pas envisager avec eux comment améliorer la prévention de la fragilité où le signalement de personnes à risque pourrait permettre des actions de prévention ciblée ? ! Autre « faiblesse » locale: le manque de services à la personne… Il peut être aussi perçu comme une niche d’emplois à développer dans un pays où le chômage atteint un taux record… On peut imaginer des salons de rencontre entre investisseurs et jeunes autour de projets portant sur les nouveaux métiers du monde de la gérontologie, sur la silver Economy ou encore sur les nouvelles technologies …
Ainsi et avant tout, côté professionnel ; nos projets porteront surtout sur des groupes de travail ciblant une fédération des idées lors de rencontres inter professionnelles régulières s’inscrivant dans la continuité et des projets à longs termes.
Côté grand public, il n’est plus à démontrer l’intérêt de la prévention et du bien vieillir. Cela passe par des actions aux côtés d’autres acteurs de santé publique, sur l’importance de la gestion de son mode de vie. Activité physique et bien manger, en valorisant le terroir local, seront bien sur notre message phare, en ciblant les spécificités du grand âge. Etendre ces actions dans les quartiers et les communes et penser aux territoires plus en difficulté du fait de leur isolement comme Marie Galante, feront aussi partie de nos préoccupations.
- Nos projets au niveau national
Enfin sur le plan national, il s’agit de faire connaître notre région et notamment sa situation particulière, qui comme celle de la Martinique, nous positionne en pionniers de la gestion du vieillissement démographique à venir en France et dans le monde. A nous de faire remonter nos analyses, nos propositions et nos essais, afin de participer aux réflexions sur le plan national, mais aussi afin que soit reconnus nos besoins spécifiques et surtout permettre l’adaptation des éventuels plans d’aide nationaux à notre réalité locale.
- Quelle est votre analyse du vieillissement localement ?
En Guadeloupe, nous connaissons tous la situation d’un vieillissement plus rapide sur le plan démographique, depuis maintenant plusieurs années. La question n’est plus de constater ce vieillissement, mais plutôt de commencer à l’anticiper.
Ce qui ressort de toute analyse sur cet état de fait, c’est la nécessité impérative de commencer à organiser ces mutations profondes de notre société. Car il s’agit bien de cela, les solidarités intergénérationnelles qui permettaient jusque là le maintien au domicile bon gré mal gré de nos aînés, disparaît au fur et à mesure. Pour ne citer qu’un exemple, certains vivaient parfois dans une maison sans eau, mais pouvaient toujours compter sur le voisinage pour être approvisionnés. Aujourd’hui cette disponibilité des proches aux alentours a disparu, mais pas la précarité de certains logements ni la prise d’âge de leurs occupants. Les femmes sont le centre de familles monoparentales, où doivent se gérer désormais les parents, voire les grands parents, oncles et tantes, souvent cumulant maladies et perte d’autonomie. Les revenus sont précaires, et ne permettent pas toujours de mettre en place les aides à domicile qu’il faudrait. Et enfin l’accès aux aides et dispositifs parfois possibles, se fait le plus souvent trop tard, par manque d’informations et errance des familles, au moment de « crises » médico-sociales amenant le patient déjà devenu dépendant, aux urgences…
Il s’agit ainsi pour nous acteurs du monde de la gériatrie et de la gérontologie, formés tant à l’approche sanitaire que sociale de nos patients dans une vision globale, d’accompagner les réflexions qui seront bientôt incontournables en Guadeloupe. La gestion à venir de ces parcours de santé et de vie, s’ils ne sont pas mieux structurés, sera source de coûts économiques lourds mais aussi et surtout de véritables drames dans les familles Guadeloupéennes. Il est plus que temps de confronter le problème, et de faire les investissements nécessaires dès maintenant, plutôt que d’attendre, en se résignant ou en fermant les yeux, l’inévitable. Les enjeux et les conséquences sont d’ores et déjà considérables et palpables.
- Quels conseils donneriez-vous aux seniors ?
A no séniors je dirai principalement deux choses.
La première c’est autant que possible de rester dans ce que j’appelle le « Bien Vieillir » voire plutôt et tout simplement le « Bien Vivre » (car cela s’applique à tous !), à savoir essentiellement manger sainement et en quantité suffisante (et pour cela j’invite vraiment les familles à se pencher sur l’importance capitale de la nutrition dans le maintien de l’autonomie des personnes âgées auprès des professionnels qui les entourent) ; mais aussi de « bouger » en s’adaptant si besoin à leurs âges ( et là aussi j’orienterai les familles vers les animateurs activité physique adaptée que certaines communes mettent à disposition dans les parcours santé communaux). Ce sont deux axes clés de prévention, qui impactent largement les pathologies cardiovasculaires et métaboliques comme le diabète, particulièrement présentes et sources de perte d’autonomie chez nous, et pour lesquels les 1ers acteurs capables d’opérer les changements sont avant tout les principaux concernés, à savoir les patients et leurs familles.
La deuxième serait de rester convaincus autant que possible de leur rôle majeur dans nos sociétés malgré la tournure que semble prendre la vie moderne et de l’impression probable qu’ils doivent avoir d’être rejetés par une société prônant le « jeunisme » à tout va. Ils sont pourtant nos piliers, nos bases, et doivent continuer à nous transmettre tout ce qu’ils ont pu récolté au cours de leur longue expérience, ceci malgré nos manquements ou nos ingratitudes de jeunesse. Ils sont la mémoire de notre île, de notre culture, de notre histoire. Quelque soit leur âge, leur maladie, leur handicap, ou leur isolement, ils sont un des plus beaux trésors de notre société. Pour cela leur vie n’a pas de prix et vaut bien plus que tous les musées et mémorial bâtis de nos mains… Je n’ai jamais entendu parler une pierre de la vie « en tan lontan », mais j’ai toujours reconnu l’éclat d’une histoire riche même à travers le simple regard de chacun de mes patients, aussi âgés ou malades soient-ils.
Sources :
INSEE, Premiers résultats n°73 – janvier 2011 et antinéchos n° 23 – janvier 2013
Contributions de professionnels de la gérontologie de la Guadeloupe
Dominique Felvia, happysilvers.fr, le site des seniors de 50 ans et plus et cabinet conseil en silver économie
Dominique Felvia, happysilvers.fr, le site des seniors de 50 ans et plus et cabinet conseil en silver économie
Préambule !
La Guadeloupe sera, selon les projections de l’INSEE, la 3eme région la plus âgée de France après la Corse et la Martinique en 2040. Entre départ des populations les plus jeunes, diminution des naissances et retour de retraités au pays natal, la part des personnes de 60 ans ou plus serait multipliée par 2,4, et celle des 80 ans ou plus, serait presque quatre fois plus nombreuses qu’en 2007. La forte augmentation de ces classes d’âge pèse déjà sur les politiques publiques : prise en charge de la dépendance, accès aux équipements et aux soins, aménagement du territoire, adaptation du transport, etc…
Bien et donc mieux vieillir est ainsi un enjeu majeur tant sur le plan sociétal, sanitaire qu’économique. Si le défi à relever est grand, certains Guadeloupéens ont décidé d’y répondre ensemble, à travers la création d’une association, la Société de Gériatre et de Gérontologie de la Guadeloupe qui a comme leitmotiv la cohésion, l’intégration et le partage de visions croisées de l’ensemble des acteurs de terrain, tant professionnels que du monde associatif.
En Guadeloupe, nous connaissons tous la situation d’un vieillissement plus rapide sur le plan démographique, depuis maintenant plusieurs années. La question n’est plus de constater ce vieillissement, mais plutôt de commencer à l’anticiper. Ce qui ressort de toute analyse sur cet état de fait, c’est la nécessité impérative de commencer à organiser ces mutations profondes de notre société.